En décembre dernier, un article de la revue Nature annonçait que, au cours de la seule année 2023, 10 000 articles avaient été retirés de plusieurs revues scientifiques pour cause de fraude, et ce malgré le fait que ces textes avaient passé avec succès les étapes du peer-reviewing1.
Sur ces 10 000 papiers, 8 000 provenaient du catalogue de Hindawi, une filiale de l'éditeur Wiley basée à Londres. L’éditeur motive sa décision en raison de « préoccupations quant à la compromission du processus d'examen par les pairs » et de « manipulation systématique du processus de publication et d'examen par les pairs ». Depuis lors, Wiley a suspendu la marque Hindawi, continuant de publier les revues de cet éditeur sous un autre label2.
La plupart de ces retraits concerne des numéros spéciaux, lesquels sont souvent exploités par des fraudeur·se·s afin de publier rapidement des articles médiocres et/ou fictifs.
Le procédé a tendance à s’amplifier de façon significative, ce qui fait dire à Richard Van Noorden, auteur de l’article dans Nature, que les 10 000 articles retirés ne seraient que la pointe émergée d’un iceberg de textes propageant des recherches peu scrupuleuses au regard de toute forme d’éthique scientifique, quand ceux-ci ne seraient pas complètement frauduleux.
Le cas Hindawi-Wiley fait écho à d'autres
Même si la communauté de l'Université de Liège semble heureusement épargnée par cette vague de rétractation d’articles, la vigilance reste de mise car le cas Hindawi-Wiley fait écho à d’autres.
L’année dernière, par exemple, plusieurs universités ont annoncé conseiller à leurs chercheur·se·s de ne plus publier dans certaines revues des éditeurs MDPI et Frontiers, arguant de problèmes liés à la qualité des articles qui y étaient publiés. Dans le même temps, le Fonds national suisse pour la recherche (FNS) a décidé d’arrêter de payer des APCs pour des publications dans des numéros spéciaux de revues3.
Certes, l’intelligence artificielle offre des moyens pour traquer les papiers fautifs et/ou frauduleux, comme le montre, par exemple, le travail de Guillaume Cabanac à l’Université de Toulouse4, mais elle permet aussi de générer facilement de faux articles scientifiques.